L’emblématique jeep WILLYS utilisée par les pionniers du ‘’circuit des cimes’’ a, dès 1951, suscité des vocations. Quelques marques se sont lancées dans le tout-terrain. (Aro, Auto Union, Chrysler, Cournil, Land Rover, Steyr Puch etc.)
Ce Kit n’est qu’une adaptation, montée sur une R4 de tourisme pas conçue au départ pour être un 4X4. Il permet de rouler à faible allure sur un terrain peu adhérent, pour se tirer d’un mauvais pas. Pas question de rouler à fond de trois dans les cailloux, il n’y a pas de différentiel inter-pont. La 4 L ainsi équipée se transforme en un véhicule tout chemin à 4 roues motrices. Cette voiture a des atouts. Elle est légère, le moteur est situé derrière l’essieu avant, la boite à vitesse devant, cela offre une bonne répartition des masses. Mais ses roues en 13 ‘ ne lui permettent pas d’avoir beaucoup de garde au sol. Quand on pense à la profondeur des ornières à l’époque, il y avait de quoi être inquiet…
Il en faut plus pour effrayer Jean Aguerre qui se lance dans l’aventure au volant de sa SINPAR standard, celle avec laquelle il effectue sa tournée de professionnelle.
Il parvient à franchir la ligne d’arrivée non sans encombre. En plaisantant il aime raconter que sa voiture était comme neuve à l’arrivée, et ce malgré l’épreuve qu’elle venait de subir, tellement il avait dû changer de pièces défaillantes au cours du rallye. A partir de ces années 1973 ou 1974, chacun va essayer d’optimiser sa 4L au-delà du KIT SINPAR ;
Jean AGUERRE équipe une deuxième R4 d’un moteur RENAULT 1100 cc Gordini et réalise deux scratchs, à ORGAMBIDESCA et à LA RHUNE.
Les R4 SINPAR font désormais partie du paysage.
La RENAULT 4 ‘’MAXI’’ SINPAR de Pierre COUILLET
La RENAULT 4 ‘’MAXI’’ SINPAR de Pierre COUILLET
Après une 11 ème place au scratch en 1973, pour sa première participation, Pierrot COUILLET ne veut pas en rester là. Il va perfectionner les R4 SINPAR. Il remplace le moteur de 850 cc de la R4 de son ami BONNEU par le 1100 cc d’une R6 TL. Au moment de s’élancer, la voiture se contracte, tressaute, sans avancer d’un pouce. Après mure réflexion, le problème fut identifié. Le 1100 cc ne tournant pas dans le même sens que le 850 cc, les deux ponts opposaient leurs forces !!! L’histoire du tout-terrain est jalonnée d’anecdotes comme celle-ci, fignolées par le temps et embellies à chaque occasion pour finir dans la mémoire collective des passionnés. Ecoutez les participants attablés lors des historiques du HAUT BUGEY ou des CIMES et vous serez rassurés, tous ces souvenirs ne sont pas prêts de tomber dans l’oubli. Poursuivant ses avancées, Pierre COUILLET va synchroniser le crabotage du pont arrière : il peut alors être manœuvré tout en roulant. Les rapports de boîtes sont raccourcis. Le moteur bénéficie de réglages réalisés de main de maître. Sur les 4L SINPAR, le pont arrière est installé à la place du réservoir d’essence. Le réservoir prend la place de la roue de secours. Et la roue de secours est désormais fixée dans l’habitacle.
L’arbre de transmission vers le pont-arrière est protégé par un tube fixé sous le châssis. La suspension à quatre roues indépendantes possède des barres de torsion. En jouant sur celles-ci, la garde au sol a été augmentée.
Les bras de suspension avant proviennent d’une R5 Alpine. (En fait les mêmes que la R5 TS, mais le patronyme ALPINE a plus d’aura.) Ils sont plus solides et les barres de torsion ont un diamètre supérieur.
Après tant d’années, cette voiture continue d’arpenter les pistes. L’historique 2017, lui a permis de grimper à nouveau les lacets empierrés d’OCCABE.
L’expérience accumulée au fil des ans, permettra à Pierre COUILLET de s’aligner en 1981, au rallye PARIS-DAKAR au volant d’une RENAULT SINPAR prototype. Il abandonnera alors qu’il était en 11° position, dans le désert du NIGER.
Voici le commentaire de Pierre Couillet sur cette auto :
« HISTOIRE DE LA 4L
Dans le courant de l’année 1973, j’avais racheté une 4L Sinpar 4×4 850cm3 torpédo, modèle plein air, avec une arrière pensée… courir un jour sur le rallye des cimes !
A cette époque, je bricolais pas mal sur les jeeps, entre autres celles d’Arnaud Bouchet et de Jugé Etchecopar. J’avais été marqué par les performances de cette voiture, la 4L de Ricarte le tarbais et Lucien Collet le palois. Notre mauléonnais Jean Aguerre commençait à s’y intéresser. Ses qualités de légèreté et de motricité m’avaient conquis, il ne restait plus qu’à motoriser et fiabiliser la machine, ce à quoi je me suis attaqué en faisant une 1ère greffe d’un moteur 1100 cm3 et barres de torsion avant de R5 alpine et freins avant de fourgonnette. Et me voilà engagé à mon premier rallye des cimes !
Sur ce, la veille au soir du rallye, Jean Aguerre me demande d’aller avec lui essayer sa 4L à teinture, spéciale mythique et redoutée. Nous avions adapté, juste avant, sur sa voiture un moteur 1100 tout neuf. Nous voilà donc partis avec les deux voitures, tout va bien. A 200 m de l’Escalapougné, Jean ne peut plus monter et, nous voilà contraint de redescendre la spéciale en marche arrière. Arrivé en bas, il est 17h et, moi je crois mon rêve de rallye s’envoler à jamais !
En descendant en marche arrière, j’ai éclaté le pont arrière en heurtant sur une pierre qui en montant n’avait pas posé de problème.
Au moment de rentrer à Mauléon, la mort dans l’âme, arrive un monsieur parisien qui me dit d’une voix joviale : « Alors les petites SINPAR, ça marche ? ». Et là, je lui raconte ma mésaventure en précisant que pour moi, c’était le premier et sûrement le dernier rallye des cimes ! Il me dit alors : « Surtout pas, je suis Jacky Haas, directeur de la Sté SINPAR et, je cours moi aussi avec mon épouse Claudette sur une rodéo. Alors ce soir, tu auras un pont tout neuf car mon camion d’assistance est à St-Jean-de-Luz et, je veux vous voir dimanche soir à l’arrivée. Oh miracle ! Après une courte nuit de mécanique, un week-end rallye sans problème, sauf refaire les ponts arrière de Jean AGUERRE et de Lucien COLLET sur les gradins du fronton de Bidarray, dans le temps d’assistance du dimanche matin.
Retour après la sardinade et sangria par la route, avec terminus aux fêtes de Garindein.
Comme quoi, le coup de bol, la persévérance et le rallye des cimes… ça ouvre la porte à beaucoup d’histoires et d’aventures. Après cette épopée, plusieurs modifications ont suivi, pour terminer la dernière course avec cette 4L, aux dunes et maraîs, avec mon épouse Pierrette, comme co-pilote. Je ne me souviens plus du classement à l’arrivée. Je me souviens seulement de la 2ème place dans la spéciale du plateau du Ra, derrière le fameux Nickrass.
J’ai ensuite construit le premier proto à moteur central avec la caisse de R5. »
LA RENAULT 4 ALPINE de Louis LACASSIE
Figure emblématique du rallye des cimes dans les années 1970, Louis LACCASSIE, de LANNE en BARETOUS, pilotait une Renault4 4X4 mythique.
Cette voiture au châssis raccourci, était une des attractions du rallye. Elle était équipée d’un moteur de RENAULT 5 Alpine de 1397 cc en fonte (93 cv) dont le couple n’était pas le point fort. Ce n’était pas un problème pour Louis LACASSIE car il roulait à bloc, dans les tours (moteur). L’échappement libre, le bruit des cailloux heurtant les soubassements de la voiture, l’exiguïté du cockpit, le pilotage généreux de Louis, sa disparition prématurée, tout était réuni pour faire entrer pilote et voiture dans la légende du RALLYE.
Il faisait toujours le spectacle. Ceux qui se trouvaient sur les pentes de la RHUNE lors de l’édition 1976 s’en souviendront longtemps. Alors qu’il attaque les premières pentes caillouteuses et raides, un cardan casse. Avec une audace incroyable, il fait demi-tour et repart en marche arrière pied au plancher devant le public ébahi.
La Renault Rodéo 4x4
Construite pour concurrencer la CITROEN MEHARI, la Rodéo s’est aussi présentée au départ des cimes (modèle Rodéo 6). Construite sur la base d’une Renault 6 limousine par SINPAR, avec un moteur de R5 GTL 1289 cc de 45 chevaux, elle possédait une carrosserie en polyester.
La Renault de Léopold Muschang
Du côté de la Belgique, on se passionne aussi pour le rallye tout-terrain. En 1962, la société APAL construit des buggys sur base vw cox avec une carrosserie en polyester.
Au milieu des années 60, Léopold Muschang, concessionnaire RENAULT d’ARLON (B) , décide de fabriquer un engin capable de franchir les plus durs passages du rallye des cimes. A partir d’une RENAULT 4 et au prix de pas mal d’adaptations il conçoit un engin bimoteur auquel il donnera son nom : LE MUSCHANG.
Au départ, deux moteurs de R4 de 850 cc, commandés par deux accélérateurs, deux boites de vitesses (deux leviers aussi). Les deux moteurs ne peuvent fonctionner ensemble. Il faut choisir entre la traction ou la propulsion. Il se révèle très bon en franchissement et les résultats sont là :
- 2 scratchs en 1966 (monomoteur)
- 1 scratch en 1967 et 2° au général (monomoteur)
La carrosserie en polyester est fabriquée chez APAL. Le parebrise est celui de la R4, les feux arrière de la R8, les phares de la R12 et les clignos de l’Estafette.
Le plus performant de la série : le jaune et noir à moteur de R6 à l’avant avec double carbus WEBER et R8 GORDINI 1300 à l’arrière.
Remerciements à Felix LAXAGUE, Pierre COUILLET, Marc MUSCHANG, « le miroir de la SOULE », Henry JACQUEMONT-COLLET pour leur aide.
Maxime Lopez